EN 1963, Samuel Frend se trouvait en poste au Mexique. Au mois de mai, il eut à s’occuper, dans le cadre banal de son activité, d’un touriste américain qui cherchait à obtenir, par l’ambassade soviétique à Mexico, un visa pour Cuba et l’U.R.S.S. Cet homme lui avait été signalé par le F.B.I. comme un petit suspect sans envergure. Les visas qu’il demandait lui furent refusés, et il rentra aux États-Unis. Il devait devenir fantastiquement célèbre quelques mois plus tard, le 22 novembre, à Dallas. Son nom était Lee Harvey Oswald.
Frend n’aurait attaché aucune importance à ce personnage si, dans les derniers jours de son séjour à Mexico, il n’avait vu surgir dans son sillage quelqu’un qu’il avait déjà rencontré plusieurs fois, en particulier à Paris lors de l’incendie de Villejuif, et, à Paris encore, au moment de la conférence au sommet entre Eisenhower, Khrouchtchev, MacMillan et de Gaulle. Il lui connaissait trois noms mais lui en avait donné un quatrième : dans ses rapports il le nommait Summer (été) parce qu’il avait eu à faire à lui pour la première fois un 21 juin à Varsovie.
Summer avait l’apparence d’un personnage secondaire de comédie américaine, avec un petit ventre, un visage rond souriant, un crâne rose et chauve entouré d’une couronne de cheveux blancs. Il portait des vêtements mal ajustés. Il donnait l’impression d’être un gentil grand-père à petits chiens, avec des morceaux de sucre dans ses poches. C’était en réalité un des hommes les plus dangereux du monde, toujours prêt à organiser n’importe quoi contre n’importe qui, vol, meurtre, enlèvement, scandale, avec efficacité. Il louait ses services à l’Est ou à l’Ouest, ou à des particuliers. La Maffia elle-même faisait parfois appel à lui, bien qu’il n’en fit pas partie. Il se faisait payer excessivement cher, mais les résultats justifiaient ses prix.
Frend s’était étonné de le voir rôder autour de Villejuif lors des événements de 1955. S’il n’avait pas vu lui-même à l’œuvre les hommes du colonel P…, c’est sans doute à Summer qu’il aurait attribué l’incendie.
Lors de la conférence de Paris de 1960, le Pentagone, qui continuait à considérer Eisenhower comme un général bien plus que comme le président des États-Unis, se fit un souci énorme pour sa sécurité. Les services militaires n’accordaient aucune confiance au F.B.I. ni aux autres gorilles « civils ». Ils entourèrent le président de leurs propres hommes et le firent précéder à Paris par une équipe que dirigeait Samuel Frend. Il avait été choisi à cause de sa grande connaissance de la capitale française, et chargé de « déminer le terrain ».
Il arriva trois mois avant la date de la conférence, et s’installa aux Champs-Élysées, dans les locaux d’une firme cinématographique. Il retrouva avec une joie nostalgique l’atmosphère parisienne, renoua ses anciens contacts et en établit de nouveaux. Il vit peu à peu arriver de tous les coins du monde des agents de toutes obédiences ou sans obédience, bien déterminés à connaître, transmettre, interpréter, amplifier, gommer, falsifier, acheter, vendre, tout ce qui se dirait ou ne se dirait pas, se chuchoterait ou s’écrirait dans les couloirs de la conférence, les accords secrets et les désaccords profonds, les intentions et les rétentions.
Une grande conférence est une occasion de plaisirs subtils pour les importants diplomates, d’avancement pour les petits, et une aubaine pour les agents des services secrets… Comme une vache morte sur la boue desséchée du Bihar. Chacun y arrache à son tour, selon son rang ou son habileté, son lambeau de nourriture. Et il reste un squelette de plus sur le grand désert de l’entente internationale.
Frend fit expulser, par l’intermédiaire de l’ambassade américaine qui les signalait à la police française, quelques petits chacals, plutôt pour justifier sa présence à Paris que par crainte pour son président. Le 2 mai, il acheta à un agent allemand, qui l’avait obtenu sur l’oreiller d’un diplomate roumain homosexuel, un renseignement étrange : Khrouchtchev allait arriver à Paris porteur d’un objet auquel il attachait une si grande valeur qu’il le gardait constamment sur lui, dans la poche intérieure de son veston. Ses rivaux du Kremlin avaient vainement tenté de le lui faire dérober. Trois tentatives infructueuses avaient provoqué des colères terribles de K. On ne savait pas si ceux qui avaient cherché à s’approprier l’objet en connaissaient la nature exacte ou seulement l’importance.
Le 5 mai, Frend reçut, par un de ses contacts, de la part d’un certain Mr Smith, une invitation à déjeuner au Grand Véfour. Dans l’homme qui l’attendait à une table fleurie il reconnut Summer. Ils firent un repas sublime arrosé d’une bouteille inoubliable. Il faisait un temps exquis. Les pigeons du Palais-Royal volaient sous la galerie couverte et se reflétaient dans les glaces du plafond. Mr Smith proposa à Frend de lui vendre, pour la somme de 500 000 dollars, un objet extrêmement important que Monsieur K. transportait constamment avec lui dans la poche de son veston.
Frend n’émit aucun doute sur la possibilité pour Mr Smith de faire subtiliser ledit objet. Il suffisait de mobiliser les dix ou quinze meilleurs pickpockets du monde, de les disséminer en des lieux différents et de provoquer un incident, une bousculade, une émeute si nécessaire, pour donner à l’un ou à l’autre l’occasion de s’approcher de K. et d’agir. Sans doute tout cela était-il déjà organisé. Mais Frend chercha à en savoir plus long sur l’objet lui-même. Mr Smith ne put rien lui dire, il ne savait rien. Frend le crut : si Mr Smith avait su, il en aurait profité pour augmenter ses prix…
Frend déclara qu’il ne disposait pas d’une telle somme, et qu’il devait transmettre l’offre à un échelon supérieur. Mr Smith lui accorda un délai de deux jours avant de faire des offres ailleurs. Ils convinrent de se retrouver le surlendemain à la même table.
En réalité, Frend avait un budget suffisant pour traiter le marché. Mais cette affaire, si elle l’intéressait énormément, ne le concernait pas. L’objet en question n’était certainement pas une arme avec laquelle K. se proposait d’attenter à la vie d’Eisenhower. Et la mission de Frend à Paris consistait uniquement à veiller sur la sécurité du président. Il passa donc l’affaire, dans l’heure suivante, à son collègue en poste à l’ambassade. Or depuis cinq mois, dans le bureau de ce dernier, trois micros clandestins avaient été installés. Ils transmettaient tout ce qui s’y disait à un magnétophone, dissimulé dans une armoire métallique fermée à clef, dans un bureau de l’étage supérieur. Le fonctionnaire américain qui occupait ce bureau avait été manipulé par les services du colonel P… et travaillait pour eux.
Le colonel P…. qui était passé du service du président Coty à celui de de Gaulle[1], fut informé le soir même du marché proposé par Mr Smith aux Américains et informa à son tour le Général. Celui-ci lui donna l’ordre d’empêcher ce vol à tout prix. Que Khrouchtchev aille se faire dépouiller ailleurs ! Pas de scandale à Paris pendant la conférence !
Le surlendemain, dès les hors-d’œuvre, Frend annonça à Mr Smith que son offre était acceptée et lui remit, en acompte, pour sceller le marché, une enveloppe contenant un chèque certifié de 50 0000 francs suisses, au porteur, sur une banque de Lausanne.
À la table installée juste sous la glace carrée du plafond, un homme chauve mangeait des asperges. Son crâne luisait en bas, et en haut dans la glace. Mr Smith dit que c’était une singulière idée de venir chez Olivier pour y manger des machins cuits à l’eau. En souriant de volupté il se pencha vers son poulet au homard, et à la troisième bouchée, fondant de bonheur, il se laissa aller à quelques confidences. Il dit à Frend qu’il les lui livrait à titre de primes. C’était le dernier état des renseignements qu’il avait obtenus sur l’objet contenu dans la poche de M. K. Il ne savait toujours pas ce que c’était, mais d’après les recoupements qu’il avait pu faire, il soupçonnait que ledit objet n’était pas sans rapport avec l’incendie de Villejuif, la destruction à Bombay du laboratoire d’un biologiste nommé Bahanba, et la raison pour laquelle la reine d’Angleterre ne se séparait jamais de son sac à main…
Eisenhower et de Gaulle savaient certainement de quoi il s’agissait. MacMillan peut-être aussi. Et la conférence de Paris avait sans doute une raison secrète plus importante que ses raisons officielles.
Maintenant que Mr Smith soupçonnait tout cela, il regrettait de n’avoir pas demandé davantage, mais un marché est un marché, il ne reviendrait pas sur ses conditions. Il se mit d’accord avec Frend sur les modalités de la livraison de l’objet, et du paiement du solde de la somme due.
Khrouchtchev arriva à Paris le 14 mai, et coucha à l’ambassade soviétique sous la protection des portes blindées et des policiers russes. Le lendemain matin, en se réveillant, il constata que l’étui de cuir, pas plus grand que le quart d’un paquet de cigarettes, qui ne quittait jamais la poche intérieure de son veston, n’était plus là…
Sa fureur ébranla les murs de l’ambassade. Il fit fouiller tout le monde et tous les meubles, fouilla lui-même l’ambassadeur, et, bien entendu, ne trouva rien. Il se rappela que, la veille au soir, il n’avait pas pensé à vérifier, en se déshabillant, si l’étui était toujours dans sa poche. Or dans la journée il s’était promené dans Paris, avait serré des mains, était même entré dans une épicerie de la rue de Bourgogne. Il avait parlé avec les vendeuses, tâté les fruits, plaisanté, marchandé…
C’était là qu’il avait dû être dépouillé, par un des agents anglais ou américains qui avaient accompagné Eisenhower et MacMillan à Paris. Ils le lui paieraient…
Le 16 au matin, à la première séance, il fracassa la conférence, sous la mauvaise raison qu’un avion espion américain avait été abattu au-dessus de l’U.R.S.S. Ce n’était de toute évidence qu’un prétexte. Les vols des avions U2 au-dessus de l’Union soviétique, à 100 000 pieds d’altitude, hors de portée de la chasse et de la DCA, se poursuivaient régulièrement depuis 1956, et Khrouchtchev et toutes les autorités soviétiques étaient parfaitement au courant. Le fait d’avoir enfin réussi à en abattre un et mis au point le missile qui rendrait désormais ces vols impossibles constituait au contraire une victoire qui aurait dû emplir Khrouchtchev de satisfaction et d’orgueil. Son humiliation et sa rage, qu’il eut beaucoup de peine à maîtriser devant les journalistes, avaient donc une autre raison, qu’Eisenhower ignora toujours, que MacMillan ne soupçonna pas – contrairement à ce que supposait Mr Smith il n’était pas « dans le secret » – que de Gaulle devina aussitôt et dont il eût confirmation quelques heures plus tard, dès que la liquidation de la conférence lui laissa le loisir de convoquer le colonel P…
Le 17 mai à quinze heures, Frend, qui avait deviné les raisons de l’éclat de Khrouchtchev, arrêta sa voiture dans une allée du parc de Saint-Cloud et, comme convenu, attendit Mr Smith qui devait lui remettre l’objet. Mr Smith ne vint pas, ni le lendemain, ni le surlendemain, ni dans les huit jours qui suivirent. Et Frend, dont la mission était terminée, rentra aux États-Unis avec la conviction que Mr Smith s’était finalement décidé à vendre l’objet plus cher, ailleurs. Ce manque de parole le surprit un peu, pas trop. Il faut toujours s’attendre à tout, de tout le monde, et dans ce métier plus qu’ailleurs.
De Gaulle, à dix-sept heures quinze, le 16 mai, put enfin regagner son bureau et recevoir le colonel P… à qui il demanda d’un ton glacé s’il avait bien, comme il lui en avait donné l’instruction, protégé K. contre toute tentative de vol. Le colonel P…, au comble du désarroi, prêt à se suicider, déclara que ses hommes n’avaient pas quitté Khrouchtchev d’un pas. Dès qu’il mettait les pieds hors de l’ambassade soviétique ils l’accompagnaient partout, doublant les gardes du corps soviétiques, les agents de la PJ et ceux de la DST.
Khrouchtchev s’était déplacé dans Paris comme un astre entouré d’une flottille de satellites, visibles et invisibles. Aucun d’eux n’avait rien vu, rien remarqué.
Une autre équipe avait surveillé « Mr Smith » Pas une seconde il n’avait été hors de vue, même dans son appartement du Ritz. Il ne s’était jamais approché de Khrouchtchev. Les événements de ce matin avaient fait craindre au colonel que quelque chose se fût quand même produit… Il avait alors agi avec une brutalité dont il s’excusait mais il y a des moments où…
— Bien ! dit de Gaulle. Poursuivez !…
— Je me suis moi-même rendu au Ritz avec mes meilleurs hommes. J’ai arrêté Smith. J’ai fouillé méticuleusement son appartement et me suis fait ouvrir son coffre. Il a protesté, appelé son avocat, son ambassadeur…
— Lequel ?
— L’ambassadeur d’Angleterre, mon général.
— Il a envoyé quelqu’un ?
— Il est venu en personne ! Je ne l’ai pas laissé entrer… Ni Me Tixier-Vignancour. J’ai emmené l’homme. Il est au secret, à Vincennes, avec deux de mes gardes avec lui dans sa cellule. Je vous ai apporté les seuls objets qui m’ont paru offrir quelque intérêt parmi tout ce que j’ai examiné. Personnellement, je n’en vois aucun qui justifie la colère de Khrouchtchev… J’en suis à me demander s’il a vraiment…
— Montrez ! dit de Gaulle.
Le colonel P… ouvrit sa serviette de cuir noir et en sortit, les posant au fur et à mesure sur le bureau devant le général de Gaulle ; un poste émetteur miniature dissimulé dans l’enveloppe d’un paquet de cigarettes Craven, une poupée japonaise électronique, grande comme le pouce, qui parlait et marchait – peut-être pouvait-elle faire autre chose ? – un petit rouleau de bande magnétique, trois microfilms, un carnet plein de notes chiffrées et un étui de cuir rouge, large, épais et long comme deux doigts de la main.
De Gaulle regarda le tout, prit l’étui, l’ouvrit. Sur l’objet qu’il contenait était collée une étiquette. Sur l’étiquette étaient tracés à la main trois caractères cyrilliques. De Gaulle avait appris un peu de russe en prévision d’une visite à l’Est. Il sut aussitôt ce que désignaient les deux lettres et le chiffre, referma le coffret et le reposa sur la table, parmi les autres objets.
— Mon Général, je vous demande de me donner carte blanche pour faire parler cet individu…
— Ça n’offre aucun intérêt… Expulsez-le. Mettez-le dans un avion qui l’emmène le plus loin possible… Et présentez vos excuses à l’ambassadeur de Grande-Bretagne… Et emportez ces bricoles…
Au moment où le colonel P…. après avoir replacé dans sa serviette les microfilms et la poupée, posait la main sur l’étui, de Gaulle lui dit :
— Non, laissez-moi ça… Il pensait qu’en ne réussissant pas à empêcher Khrouchtchev d’être dévalisé, et en se conduisant au Ritz comme un gendarme de chef-lieu de canton, P… avait sans doute épargné à l’Occident et au monde une aventure inimaginable.
Mais il avait fait cela sans le vouloir, malgré lui, en ratant tout… Bête comme un militaire… Mais il n’y a quand même qu’eux qui soient efficaces… Il méritait une sanction… Et une récompense… De Gaulle décida de le mettre à la retraite. Après l’avoir fait nommer général.
Le 17 juillet 1960, Samuel Frend reçut à Minneapolis, où il se trouvait en vacances, une lettre signée Smith. Son correspondant s’excusait de n’avoir pas été en mesure de livrer la marchandise commandée. Il en avait été empêché par l’intervention d’un tiers. Il n’aimait pas qu’on le mît dans l’impossibilité de tenir ses engagements, et qu’on pût faire ainsi douter de la sécurité des marchés qu’il passait…
« J’ai le regret de vous informer que le colonel P… que vous connaissiez bien, a trouvé la mort dans un accident d’automobile, hier après-midi, du côté de Chambéry… La marchandise que j’aurais dû vous livrer est maintenant entre les mains de celui qui était son supérieur direct. Je regrette de vous dire qu’elle m’est inaccessible. Je considère donc cette affaire comme terminée, malheureusement pas de la façon que nous souhaitions. J’espère que cela ne vous empêchera pas de me faire confiance, éventuellement, une autre fois. Je pense que vous ne vous attendez pas à ce que je vous rembourse les arrhes que vous m’aviez versées à la commande. Ils ne couvrent même pas les frais que j’avais engagés dans cette malheureuse affaire… »
Ce fut cet homme-là, Mr Smith, que Frend aperçut, à sa grande surprise, en conversation avec le falot Lee Oswald, le 13 mai 1963, à Mexico. Il fut mis au courant, par ses services, d’un autre rendez-vous, mais n’eut pas le temps d’organiser une écoute : Smith rentra en Europe et Oswald aux États-Unis sans que Frend ait réussi à savoir quel marché ils avaient conclu.
Il signala cette rencontre au F.B.I. qui la nota sur la fiche d’Oswald. Ce ne fut pas suffisant pour le faire surveiller particulièrement au moment du voyage de Kennedy à Dallas. On sait comment, d’une fenêtre du dernier étage du School Book Depository, il put en toute tranquillité tirer sur le président.
Bouleversé par l’assassinat d’un homme qu’il admirait, et pensant qu’il tenait peut-être un des fils qui conduisaient aux véritables instigateurs du meurtre de Kennedy, Frend rappela à ses supérieurs les rencontres Smith-Oswald à Mexico et demanda l’autorisation de suivre l’enquête dans cette direction. Le Pentagone répondit négativement. Frend se fit alors mettre en congé illimité et partit pour Dallas où il mena une enquête personnelle. Il retrouva la trace indiscutable du passage de Mr Smith et acquit, à mesure que se déroulaient les événements dramatiques que l’on sait, la conviction, sinon les preuves, que Smith avait organisé non seulement l’assassinat de Kennedy par Oswald, mais aussi celui d’Oswald par Ruby, et la mort de Ruby dans sa prison. Frend envoya rapports sur rapports à ses supérieurs, sans susciter la moindre réaction : cette affaire n’était pas du ressort du Pentagone. Le F.B.I… pour des raisons que Frend ne parvenait pas à comprendre, ne réagissait pas davantage. La raison était simple : le F.B.I. recevait des milliers de dénonciations et d’explications, et faute de pouvoir les vérifier toutes, ne tenait compte d’aucune et s’en tenait aux faits de l’enquête.
Alors Frend se décida à envoyer un rapport au président Johnson lui-même, faisant état, pour la première fois, des soupçons qui lui étaient venus que la mort du président Kennedy était liée au sabotage de la conférence de Paris et à d’autres événements inexpliqués dont il faisait un bref exposé.
Huit jours plus tard, Frend, qui avait alors repris son poste à l’ambassade de Mexico, reçut une lettre personnelle du président Johnson le convoquant pour le lendemain. Enfin ! Il prit l’avion direct pour Washington. Une voiture de la Présidence l’attendait à l’aéroport. Il y monta, la voiture démarra, et n’arriva jamais à la Maison-Blanche.
Le fils aîné de Samuel Frend, enquêtant quelques mois plus tard sur la disparition de son père, s’entendit affirmer, par les services présidentiels, qu’aucune voiture n’avait été envoyée ce jour-là à l’aéroport.